Albert Cohen

« J’y étais… ». C’est ainsi que Jean Blot souligne l’originalité de la biographie qu’il consacre à son ami, l’immense écrivain Albert Cohen. Il lui rend là un hommage émouvant dont le but, dit-il, est de démontrer que son œuvre marque la littérature française du XXème siècle tout comme elle inaugure la littérature juive d’expression française.

Présente dans toute ses livres, la Céphalonie où naquit l’auteur de Solal et de Mangeclous, sorte de trait d’union entre l’Orient et l’Occident. Originaire d’une famille juive sépharade de Corfou, il fait ses études à Marseille, puis à Genève, double exil qu’il vit en solitaire à l’ombre de l’idolâtrie qu’il voue à sa mère. Après la ville portuaire où il rencontre Marcel Pagnol, c’est bien en Suisse qu’il met entre parenthèses sa vie de grand séducteur, se marie et devient avocat. Mais le barreau l’ennuie.

Albert Cohen dont Jean Blot évoque les « ambiguïtés de (la) personnalité » est tiraillé entre deux engagements aussi impérieux l’un que l’autre : écrire ou se lancer dans cette aventure politique qu’est alors le sionisme. Si Solal, publié chez Gallimard en 1930, connaît un vrai succès, suivi sept ans plus tard par Mangeclous,  toute son énergie passe à créer une Légion juive pour participer à la Seconde Guerre mondiale…, avant de rejoindre De Gaulle à Londres.

De retour à Genève en 1947, il reprend la plume pour rendre un vibrant hommage à celle qu’il a tant aimée, Le livre de ma mère, et Belle du seigneur, enfin, dont sa nouvelle épouse est le modèle. Cette épopée romanesque qui l’a consacré ne s’aventure pas après les années 1930… Celles qui suivent sont-elles trop sombres pour être rapportées ? Sans doute pour cet écrivain qui exècre l’animalité de l’homme et chante la passion amoureuse comme jamais on ne l’a fait.

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