Ernst Lowry, le père du narrateur, vogue vers l’île de San Juan. Les vagues grondent autour de lui, lui répétant sans cesse « échec d’une vie », « haute trahison »… Et pourtant, il n’avait voulu que le « Bien ». C’est en découvrant les réactions suite à ses aveux au sénateur McCarthy qu’il décide de fuir ces Etats-Unis en pleine « chasse aux sorcières ». Oui, il s’est trompé ; oui, il a été l’un de ces libéraux « égarés », un « Pink » séduit par le communisme. Visé par la presse comme le Mal, le danger qui peut détruire l’Amérique, il se vit pourtant comme une victime, le jouet d’une farce dont il va chercher les auteurs.
C’est auprès de sa femme Violetta, réfugiée dans son pays, les Caraïbes, après le scandale, que l’ancien professeur d’université reprend le chemin de sa vie sous la plume de son fils. Il se souvient ainsi de son amour de jeunesse, de Cristina ou la « Bien aimée » de dix ans son aînée, qui lui a donné l’assurance dont il fera preuve ensuite, comme journaliste puis universitaire. Déjà, il tient des propos socialistes, prosoviétiques, que le public applaudit. « Partout où il y a un homme qui a faim, je serai là ». Membre influent de la ligue contre la guerre et le fascisme, il avoue néanmoins que Pearl Harbor a réveillé ce géant que sont les USA, « toutes haine intestine et rivalités abolies ».
Le conflit n’a pas changé ses opinions. Comme son ami sociologue Samuel Knight, il soutient que l’URSS est un allié qui supporte l’essentiel de l’effort de guerre. N’est-ce pas une raison pour lui transmettre le secret de la bombe atomique ? Au fur et à mesure, Lowry prend conscience d’avoir été la dupe d’espions au service des soviets comme son ami Samuel, voire d’agents doubles. D’où ses confessions et l’interrogation de son fils : comment a-t-il pu servir Staline, « le champion des assassins ? »
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