David Stern, que l’on a connu dans Les cosmopolites, est un fonctionnaire international. Comme s’il était acquis dans la mémoire collective que, juif et russe arraché à son pays d’origine, David comme ses pairs avait toujours sa valise prête pour rejoindre, grâce à sa maîtrise des langues, les Nations Unies. Peu après la Seconde guerre mondiale, il participe en Grèce à une commission d’enquête sur les drames politiques que vit ce pays. Il y côtoie, lui le déraciné, des partisans que les Alliés voudraient désarmer, des combattants dont le village a été rasé et leur famille repoussée aux frontières. C’est une mission qu’il juge aussi vaine qu’odieuse.
Resté à Athènes, David s’éprend de Lise, une jeune réfugiée russe, déclassée et alcoolique qu’il tente de sauver. Cette femme est pour lui l’incarnation d’une identité qu’il recherche à tout instant, mais qu’il ne peut atteindre que dans l’ivresse ou la passion charnelle. Séparé de Lise qui ne supporte pas sa pitié, il part retrouver sa sœur, une brillante ethnologue, restée à Moscou. Là, plus que jamais, il se sent un incurable étranger. Et pour sa sœur Nadejda, un hôte des plus compromettant venu d’un autre monde. Comme si naturalisés en Angleterre, aux USA ou en France, le destin collait à la peau de ces juifs russes et l’angoisse ou l’insécurité étaient leur héritage. Un roman touffu où Jean Blot remet en scène la famille Stern et où se mêlent l’amour, la guerre, la politique et les grands questionnements intellectuels ou métaphysiques.
Laisser un commentaire