« Pourquoi y a-t-il deux sexes ? ». Cette question que se pose le héros de La difficulté d’aimer hante ce roman écrit sur un ton léger certes, mais non dénué d’une certaine forme de cruauté. Henri, 40 ans, a donné rendez-vous à sa maîtresse Suzon devant le Musée du Louvre. Il lui faut savoir, après deux ruptures, s’il l’aime encore et s’il en est aimé. Passant devant Cimabue, Giotto, Titien, Véronèse – ce qui est l’occasion pour l’auteur de s’interroger sur la peinture -, les deux amants revivent leur amour et s’accusent mutuellement de leur échec.
Cette petite guerre qui n’a pas de vainqueur a pour toile de fond le second conflit mondial auquel Henri a participé, conflit qu’il interroge dans son travail d’introspection où il convoque aussi son enfance, sa liaison avec une journaliste, son amitié pour François et sa jalousie. Il semble bien qu’un obstacle n’ai pas été surmonté, mais lequel ? Henri n’en déclame pas moins qu’il « aime l’amour d’amour », ce qui lui interdit de procréer ou de se marier. Et n’est-il pas temps d’en abuser à une époque où semblent disparaître la passion et la distinction des sexes ?
Avec sa sensibilité à fleur d’âme et de peau, passant d’un sentiment ou d’un caprice à l’autre, Henri ne serait-il pas cet androgyne condamné à la vaine recherche de sa moitié ? Ou un Don Juan pour qui la confusion d’Eros et d’Agapé est impossible ? Et si, par « ce temps incertain », un nouvel amour devait naître de ces tourments, un « amour inouï » ?
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