Elevé loin de son père, Sylvain Clément lui voue un amour quasi religieux. Débarqué en Normandie, il le retrouve à la Libération et découvre un homme au plus loin de son idole. Non seulement il a collaboré avec l’ennemi, mais il se montre d’une lâcheté et d’une veulerie sans nom.
« Seul, avec un regard plus pur sur une terre refroidie », Sylvain part en mission en Grèce où le soleil est au rendez-vous, un soleil qu’il associe au mythe paternel comme source de vie et de chaleur. A Athènes, il se prend d’affection pour le fils d’un potier, Ienaki, qui vit d’expédients pour échapper à la brutalité d’un père ivrogne. Sylvain qui adopte ensuite l’enfant saisit là ce qui les rapproche, « l’un et l’autre des Judas » qui ont trahi leur père. Ienaki ne lui a-t-il pas avoué ce secret qui le hante, le meurtre de sa mère et de ses sœurs par celui qui lui a donné la vie ? Et Sylvain de conclure : « plus jamais je n’attendrais, avec l’aube, le retour de la lumière paternelle… Je savourais le goût amer de cette fraternité pitoyable ».
Dans ce beau et étrange premier roman qui passe de registre en registre, de l’anecdote à la réflexion, du sentiment au mythe, Jean Blot dessine la quête d’un homme et son inquiétude profonde à atteindre l’âge adulte en brisant ses idoles. C’est ainsi que Sylvain Clément, se détournant de l’impossible religion filiale et solaire, se réveille dans le jour gris de la maturité.
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