Il s’était juré de ne pas retourner en Grèce après son séjour à Cavouri. Dix ans ont passé jusqu’à une rencontre inopinée à Genève qui en décide autrement. L’Eva-Maria, une goélette, l’attendra cet été même pour lui faire redécouvrir ce pays auquel nul être ne peut renoncer après l’avoir connu. Et c’est à peine l’avion posé au sol qu’il reconnaît ce « velours tiède, bordé des mêmes lauriers roses ».
A bord de l’Eva-Maria, Ève pour le charme et Marie pour la pureté, il passe d’île en île, de baie en rade, de port en plage. Des jours qui se suivent à se laisser porter par les vagues, à se griller au soleil, à se restaurer dans des tavernes, à discuter avec ce peuple si aimable. Puis « ce fut l’aube et je te vis » : Kaïros, une île sauvage que l’on a surnommée l’île des naufrageurs et des pirates. Depuis cette rencontre, le narrateur ne se sent plus jamais tout seul comme s’il avait reconnu dans cette île son univers intérieur. C’est en amoureux qu’il y retourne, y noue une amitié solide avec son « destin » nommé Yannakis. « Pris » au sens fort par Kaïros, il y fait construire une maison.
Mais le quart de siècle suivant est celui d’une forme d’agonie pour l’Occident comme pour l’île. Kaïros a perdu son harmonie singulière, son temps cyclique fait de la succession des jours, son espace infini et cette « amitié profonde de l’homme et de son séjour ». Si elle est encore un paradis, elle se sait condamnée et apporte au narrateur la sagesse d’accepter sa propre fin.
Laisser un commentaire