Si loin de Dieu

Le voyage est une quête à peine dissimulée d’une unité de l’homme à travers l’espace et le temps, les pays et l’histoire. C’est après un détour par la Genèse, par ce Dieu qui refusa le sang d’Isaac et qui autorisa ainsi l’histoire à commencer qu’un pèlerin des temps modernes se rend tour à tour dans des contrées que tout semble opposer. Première escale, le Mexique. Un pays où les Aztèques furent anéantis par Cortes, mais qui garde les traces de cette immense régression qu’est le sacrifice humain. C’est en regardant la fresque de la bataille de Cacaxtla où des hommes léopards mangent des hommes oiseaux, hommes réduits à leur animalité, que le narrateur hurle presque : si loin de Dieu !

On le retrouve au sommet du monde, « là où le ciel rejoint la terre », devinant les pas de ces Grands Barbares Blancs, qui partent du pôle vers le sud. « L’homme était né ». Car c’est bien ce barbare dont l’être humain a hérité le corps. Plus près de nous, il se rend à Chypre, l’île, d’Aphrodite. Il semble bien qu’il l’aperçoive « transparente au soleil de midi qui danse sur la mer ». Son rire est toujours aussi gai, celui de l’amour qui donne la vie.

Plus tard, on le suit au Sénégal, en Casamance, à Ziguinchor. Un pays pauvre où le tourisme et ses devises est sa malédiction. Sigui chiora, « si tu viens, tu pleureras », tel est le nom de cette ancienne capitale du marché aux esclaves. Dix ans plus tard, le narrateur acquiesce : le Sénégal est devenu le pays de la peur.

Le voyage prend fin au Mont Sinaï, avec son ivresse, et au Mont Athos que Jean Blot connaît bien. C’est là où il trouve cette beauté exaltante qui est partout, qui le fait découvrir ce que veut dire espérance. Oui, il fait désormais confiance. Oui, il vivra jusqu’au bout. Il peut partir, mais « que ce soit plus près de Dieu ».

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