Dans Retour en Asie, Jean Blot a un accent quasi claudélien. Et il ne s’en cache pas. Il semble partager avec son prédécesseur – Paul Claudel a aussi été diplomate – sa détestation pour la civilisation moderne dont l’Asie s’est protégée. Le monde change vite ; l’Asie plus vite encore. Pourtant son murmure demeure inchangé. De retour sur ce continent après 40 ans d’absence, il retrouve ce qui l’avait tant séduit, des paysages, des monuments et des manières de vivre qui relèvent d’une sensibilité unique, apaisante.
C’est en Thaïlande, Siam jusqu’en 1939, que l’auteur nous emmène, à Hua Hin, la station balnéaire la plus ancienne et la plus réputée du pays, qu’il appelle le « Lotus entre les nations ». Là, il se prend à savourer ce sommeil qui n’est jamais un état, mais une nuance. Et il l’a tant cherché ce lieu et cette langue où s’efface, comme ici entre veille et sommeil, la frontière entre la vie et la mort. Au Japon aussi, malgré la frénésie de la vie, l’auteur souligne combien le silence bride et apaise l’âme, combien s’impose le souvenir de « l’Immobile, du Muet, du Grand Endormi ».
Le voyage se poursuit, poétique et philosophique, mais aussi attaché aux anecdotes ou aux événements politiques. Shanghai, Pékin que le Mongol a autrefois brulé de son feu, puis cette Grande Muraille qui, domptant le « mouvement sauvage » le chevauche entre ciel et terre. Enfin la Corée et ses habitants d’une « bonne volonté ardente ». Que Jean Blot déteste l’idée de retourner en Occident, lui qui a trouvé en Asie cette paix qu’il veut passer sa vie à écouter.
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