Mozart

Le Mozart de Jean Blot est une biographie qui ne ressemble à nulle autre. Pour la raison simple que l’auteur, s’il considère tout comme Rossini qu’Amadeus est « l’unique », l’hapax de la musique, il ne le remet pas moins dans le monde, au milieu des siens. Avec la plus grande empathie. C’est ce qui rend ce personnage exceptionnel touchant, que l’on suit de sa naissance à Salzbourg le 27 janvier 1756 jusqu’à sa mort sans aucune pompe en 1791. Une vie est une énigme certes, mais il est possible de « la décrire seulement », ce que Blot prouve ici avec brio.

Le petit Mozart, dès trois ans, montre une fascination bruyante pour le clavecin dont joue sa sœur.  Son père, « homme complexe et douloureux », reconnaît très vite son génie, renonce à toute ambition personnelle pour en faire une sorte « d’idéal du moi » qui ne le quittera plus. Dès l’âge de 7 ans et ses premiers concerts, Mozart connaît le succès et c’est avec un éclair de malice et de gaieté « qui ressemble à un défi » qu’il regarde son père.

Tout est dit de la relation qui structure la psyché du génie. Malgré la gloire qui pour lui n’est qu’amour, malgré tous ceux qui l’entourent, malgré sa puissance créatrice hors du commun, Mozart n’est pas heureux. La joie qu’il professe s’éteint devant la prison que représente son père et l’archevêque de Salzbourg. C’est dans Don Giovanni et le meurtre du père qu’il met en scène ce poison qu’est une fusion dont on reste l’otage.

Malgré ce bémol, Mozart reste le seul pour qui « le chant n’a qu’un morale : l’amour ». Et Blot de poursuivre : « N’est-ce pas que la voix humaine (…) paraît aussitôt la meilleure métaphore de l’âme ou qu’il n’est de moment où l’âme ne devienne chair avec plus d’évidence, d’éloquence et de sensualité ? ».

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