Le rendez-vous de la Marquise est celui de tout mortel. Si c’est la conviction de Jean Blot, ce n’est pas celle des immenses poètes Valéry et Breton qui, en désaccord sur tout, s’entendent pour ne jamais écrire : « la marquise sortit à cinq heures ». Sortir à cette heure n’est autre que de se frotter à la réalité de la vie quotidienne, ce que refuse la littérature.
Dans cet ouvrage tardif, l’auteur s’amuse et veut amuser. Selon ses termes, c’est une « satire aimable », ou sotie, de tout ce que le XXème siècle a eu à souffrir. La Marquise est un personnage littéraire pour lequel l’histoire s’impose – tout comme pour l’écrivain – et qui s’en prend à la médiocrité, au sordide en politique, à la catastrophe de l’art contemporain, à la vanité du voyage et, enfin, au folklore identitaire. Et qui se moque de tout peut égratigner sans faire de mal.
Si rien n’échappe à la critique et à sa drôlerie, c’est par un respect attentif de la réalité. Et, quoiqu’en disent certains, il n’est pas sûr que seul un réactionnaire puisse tenir des propos aussi durs contre le vide auquel nous renvoient la peinture ou la sculpture actuelles. Il n’y a d’art, selon Jean Blot, que dans la mimesis qui n’est pas imitation, mais reproduction, ce qui est aussi le cas de la littérature et, peut-être, la politique. Écrit dans un style très français, le rendez-vous de la Marquise fait écho à cette célèbre phrase de Rabelais, « le rire est le propre de l’homme ». Si bien que tout ce dont on rit redevient humain.
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