Dans ce troisième tome d’Histoire du passé, Ave César, Jean Blot s’interroge cette fois-ci sur l’anthropophanie de Rome, le passé profond de son moi collectif, sa révélation progressive à travers l’histoire de son âme humaine. « Comment est né ce pouvoir et par quel moyen la boue du Tibre s’est-elle élevée en palais incomparables et en temples dont Dieu seul était absent ? ». Si Rome n’est pas Athènes, elle n’en est pas moins la créatrice du Droit et de l’Etat, une civilisation qui dure encore de nos jours.
Elle s’est donnée pour origine mythique un animal sauvage, la Louve qui nourrit de son lait ces deux jumeaux que sont Romulus et Remus et le meurtre du second par le premier. Une manière, selon Blot, pour l’âme collective de se représenter. C’est avec ce guide aussi avisé qu’érudit que l’on traverse les siècles, des très lointaines monarchies romaine à cette « révolution » de 509 avant notre ère qui accouche de la Res publica, sans maîtres, ni symboles. Les Douze Tables, rédigées en -450, sont ainsi une « conquête non plus face aux dieux, mais entre hommes », ce qui n’empêche pas ces égaux en droit que sont les plébéiens et patriciens de s’affronter pour déboucher souvent sur une guerre civile.
On peut aussi s’attarder, comme le fait le narrateur, sur cet empereur étrange et aux multiples visages qu’est Octave Auguste dont une des statues impose le calme, soit « la paix que promet le pouvoir », « celle qui habite chacun, et une société entière quand elle renonce à sa liberté ». Ou sur Ovide qui, banni pour son Art d’aimer et sa sensualité, se métamorphose « d’homme en exilé, sa vie en souvenir, son espoir en regret ».
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