Sainte imposture : le titre de ce roman donne le ton, celui d’un Voltaire et de ses satires qui passent de l’humour noire au comique pour dénoncer son temps, ici ses mœurs littéraires et politiques. Au départ, un homme au mitan de sa vie s’aperçoit brutalement qu’il a toujours été « cocu », dupe d’une époque où règne l’imposture. Est-ce là un amour déçu pour la vie, c’est-à-dire pour la femme, la littérature, la France, la Russie ? Peut-être… C’est aussi une surprenante intrigue policière aussi peu vraisemblable que drôle et fertile en événements.
Le destin de deux Russes se rencontrent à la croisées des chemins entre l’Est, la « Société des assassins » et l’Ouest, la « Société des escrocs ». Le premier, Alexandre Bouchine, fuit ainsi Sankt-Léninbourg où derrière chaque citoyen sommeille un flic, pour Sainte-Imposture, le Paris des années 1950-1960 que rythme le « renvoi d’ascenseur ». Rêvant de fortune et de gloire littéraire, il ne lui manque que le talent, un défaut vite réparé par la police russe. N’a-t-elle pas réussi à convaincre un deuxième russe, l’innocent Ivan Balvanov, à faire publier ses romans à l’Ouest sous un pseudonyme ?
Le stratagème fonctionne jusqu’au jour où Balvanov arrive en France. L’histoire s’emballe et les deux russes passent l’un après l’autre de vie à trépas. Il ne fait pas bon vivre à l’Est comme à l’Ouest où les individus sont réduits à l’état de jouets, vivent dans des régimes de manipulation généralisée. Mais Jean Blot n’en reste pas là. Il s’interroge en amont sur la question du Mal dont l’imposture n’est qu’un signe et sur un monde déserté par Dieu. « Quand Dieu est mort, l’homme meurt aussi et la police devient la mesure de toute chose » : tel est l’avertissement d’un gradé français à son subordonné, l’inspecteur Bernard chargé du dossier Balvanov.
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