C’est dans la postface de Récits de jeunesse que Jean Blot, comme encore ahuri, évoque l’accueil des plus chaleureux que le « grand prêtre de la NRF », Jean Paulhan, fit à ce recueil de nouvelles dans les années 1950 : « admirable, admirable ! ». Il est vrai que l’auteur s’y montre déjà en totale possession de sa vocation d’écrivain.
Des nouvelles qui parlent de la guerre et de l’invasion nazie dans l’Est de l’Europe (Du lait pour l’enfant), des amours, bien sûr, pour une maison familiale occupée par l’armée ennemie (Les étrangers), de la rencontre sous la lumière de Provence (Madame Marion) ou à Paris (Le bel Amour), de ces instants où la vie sourit (Week-end à Corfou), où l’auteur ressent un vrai bonheur existentiel. Un bonheur coloré qui rime avec insouciance, confiance en la vie, liberté et plénitude du présent : des jours « comme une longue journée heureuse ».
Mais Jean Blot n’est pas dupe. Le bonheur peut s’absenter dans le monde où il vit, un monde en déréliction. L’Europe l’a perdu comme elle a signé la mort de Dieu. On ne s’étonne plus de ces passages sombres, mélancoliques qui hantent ce recueil de nouvelles. La mort, sous toutes ses formes, est bien présente comme cette ville devenue folle de Parking. Déjà annoncée à Corfou, elle réapparaît dans le récit tardif Post-Scriptum où le narrateur visite la tombe de sa femme. En pensant aux yeux de sa belle désormais endormie, il se prend à « hurlé comme un chien fou « Non ! ».
Laisser un commentaire