Georges Margolin, dit Youri, juif d’origine russe. Le narrateur se souvient d’un « homme étrange », aux sourcils remarquables… Quand il part sur les traces de ce cousin disparu, Gorbatchev est au pouvoir. Arrivé à Kiev dans un printemps glacé, il retrouve certains de ses camarades d’enfance, mais devine bientôt que seule l’imagination, celle qui « viole la mémoire », peut lui permettre de retrouver cet homme qui lui a sauvé la vie et redonner un sens à son existence. Et d’entraîner le lecteur, dans un rythme saccadé, à Berlin en 1925 où Youri et sa mère ont fuit les bolchéviques, puis Paris où il devient acteur, le front, l’Isère enfin sous l’occupation…
Jean Blot se refuse à tout manichéisme, « trancher entre le mal et le bien » en spectateur, mais veut souligner la complexité des choix et des attitudes dans la France occupée. Le Juif Margolin qui lui a donné de faux papiers et son nom de résistant, membre des Compagnons de France, n’est pour lui qu’un pseudo pétainiste, patriote certes, mais anti-collabo, et pour lequel existent deux monstres : le bolchevique et le nazi.
C’est bien plus tard qu’il se rend à Auschwitz où Youri est mort, déporté, et qu’il se dit incapable, planté sur le quai « au bord du gouffre », de pouvoir saluer sa mémoire d’un « Seigneur, ayez le en votre bonne garde ». Pour Jean Blot dont le mystère est l’unique credo, et le seul sacrilège, la volonté de la percer, il n’est aucune consolation qui vaille.
Un récit poignant, émaillé de scène pittoresques et colorées dont Jean Blot a toujours le secret.
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