Cet essai sur Le roman, poésie de la prose retrace en quelque sorte l’expérience que Jean Blot a de la littérature, et du roman en particulier. Si la poésie est « orgueil », la prose est humble et patiente, mais « se sait coupable ». C’est ainsi que le roman s’est imposé ces deux derniers siècles comme genre littéraire par excellence, mais pèse toujours sur lui un soupçon où la gloire côtoie l’indignité.
C’est ce paradoxe qu’analyse l’auteur qu’il renvoie au couple formé par l’indicatif et l’expressif, donc par l’extériorité et l’intériorité, ce qui le conduit à reprendre l’analyse de Freud sur la psyché qui, coupable, se replie et cherche au-delà du monde le paradis perdu… Savant exercice, inconscient, par le détour, par le « moi profond » qui permet de saisir les coïncidences, les correspondances, ce qu’il y a de secret et de clandestin propre à l’univers intérieur de l’auteur comme du lecteur. Et de terminer sur cet acte de foi : la littérature est l’une des voix essentielles de la spiritualité.
Avec l’érudition qu’on lui connaît, Blot se saisit de cette grille théorique pour lire Proust, lui qui a compris la nature de la métaphore, son éternité et retrouve dans La recherche « l’unité primordiale » qui se joue du temps et de l’espace. Il tente le même exercice avec Virginia Woolf et son impossibilité à concilier la réalité et l’habiter, avec Sarraute, Camus et son livre La peste, l‘un des plus grands romans selon lui. Il s’attarde sur Nabokov qui, en écrivant en anglais, se détourne du père et se sépare de son ancienne patrie et évoque enfin son ami Roger Caillois dont il conte le détour de l’âme.
Bref, seule la littérature peut « dévoiler le Réel (…), le désigner et lui restituer son vrai nom : le Sacré ».
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