Dans le grand parc d’un château transformé en asile, un homme parle. Hier écrivain à succès, grand séducteur pétri d’orgueil, c’est aujourd’hui un être détruit à l’image de ses compagnons d’infortune, victimes des bombardements ou de la torture nazie, terreurs dont on ne se remet pas. Cet homme est si hanté par son passé qu’il retrouve à travers trois malades les compagnons de sa vie d’adolescent : Michel, le fantasque, Alexandre, l’intellectuel et Lise, la femme aimée, faite pour la passion, le désespoir et l’alcool.
Tous ont vécu à St X, un village désormais rasé par les bombardements, mais qui hante le narrateur comme un paradis perdu à retrouver. C’est dans sa conscience malade que se construit le roman où se chevauchent le souvenir de ses amis disparus et la réalité de leur double malade, les scènes si marquantes d’autrefois et la vie à l’asile. On découvre peu à peu, comme arrachés de la mémoire, les liens qui unissaient le narrateur à Lise, Alexandre et Michel. Une histoire de rivalité amoureuse et d’amitié trahie. Il a enlevé Lise à Michel avec qui elle était fiancée et les deux ont tenté de noyer leur culpabilité dans un érotisme passionné. Il n’a pas non plus accepté qu’Alexandre en fasse son épouse et a tenté de la ravir à nouveau. C’est sans doute lors de cet enlèvement raté où le père de Lise trouve la mort – un accident ou un crime ? – que la folie du narrateur a commencé.
Comme dans bien d’autres de ses romans, Jean Blot s’attache dans ces Illusions nocturnes à la psychologie des êtres, à leurs contradictions, leurs mensonges et leur vérité si durement acquise.
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