Les Enfants de New York

Paru en 1959, Les Enfants de New York font le portrait de cette ville vers laquelle se portent alors tous les rêves et les espoirs. Parti de cette Europe qui a failli disparaître lors de la seconde guerre mondiale, sous les bombes ou dans les camps, André accoste sur les rives de cette « étrange ville en déséquilibre à la pointe d’une île, à la pointe d’un siècle ».

Cherchant sans doute à se libérer du spleen, à la recherche de cette fameuse « âme américaine », il surprend dans un restaurant une scène dont il ne peut détacher son regard. Non loin de lui, une dispute oppose Robert et sa fiancée Barbara au père du premier qui se lève soudain, furieux, fuyant le couple comme il le ferait de la misère, la maladie ou la mort. Robert lui a, en effet, avoué que son expérience d’aviateur dans le conflit l’a détourné d’une conformiste carrière à Wall Street pour embrasser celle d’acteur.

André suit ce couple, fait sa connaissance, saisit la force de son amour passionné puis sa désintégration physique et morale jusqu’à la mort. Le récit d’une histoire d’amour poignante et profonde, doublée d’un portrait de New York hérissée de « building oniriques », qui fait penser à André qu’elle est moins un cheval cabré qu’une « baleine » qui « insaisissable, opiniâtre (…) déjouait les projets de ceux qui l’avaient capturée ». Au lieu du bonheur recherché, ces hommes qui avaient rêvé d’elle au point de crier « Voilà l’Amérique, c’est elle enfin » se retrouvaient seuls, ne sachant plus s’ils vivaient déjà ou rêvaient encore.

Un constat amer que Jean Blot, dans la réédition de son livre en 2014, transforme en prophétie : Paris aujourd’hui ne serait-elle pas la New York d’hier ?

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