A travers Bloomsbury, Jean Blot analyse ce qui est une « sensibilité » dans l’histoire, ici dans l’Angleterre du début du XXème siècle. Une analyse qui permet de redécouvrir un groupe de femmes et d’hommes illustres qui, au 46 Gordon Square, dans un quartier plutôt malfamé de Londres, partagent une même vision esthétique et politique de leur temps. Au programme, un attachement quasi forcené à la liberté d’expression, au non conformisme, à l’égalité des sexes, à la critique de l’establishment ; une détestation toute aussi forte pour l’impérialisme, le capitalisme et la guerre.
C’est autour de la famille Stephen , les sœurs Vanessa et Virginia (bientôt Woolf) et leur frère Thoby que se jouent les premiers pas du Bloomsbury Group, très vite rejoints par de nombreux membres du Cambridge Apostles comme le romancier de premier plan, E.M. Forster, le brillant critique littéraire Lytton Strachey, le peintre Roger Fry qui imposa Cézanne outre-Manche, l’économiste qui révolutionna sa discipline John Maynard Keynes ou le militant politique et directeur de revues Léonard Woolf.
Bien d’autres futurs talents vont se joindre à ce groupe qui, dans un labyrinthe de passions, de brouilles, de conversations incessantes, voire de canulars, est habité par un esprit ou une sensibilité uniques inspirées par la philosophie de G.E. Moore et ses « Principa Ethica ».
Le Premier conflit mondial viendra mettre un terme à cette expérience intellectuelle hors du commun, mais nombreux sont ses membres, une Virginia Woolf ou un John Maynard Keynes par exemple, resteront des figures marquantes du XXème siècle.
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