Le père de Jean Blot, grand amateur de poésie, rencontra un jour le grand poète Alexandre Blok et lui promis de donner son prénom à son futur fils. Ce qu’il fit. C’est ainsi que le 31 mars 1923 naissait à Moscou Alexandre Blokh. En prenant la plume trente ans plus tard, il choisit pour signer ses livres son nom de résistant : Jean Blot. Difficile pour ce spécialiste de la littérature russe de ne pas consacrer à son célèbre homonyme, appelé aussi le poète de la perspective Nevski, l’un de ses ouvrages.
Aussi important pour les lettres russes que Pouchkine au siècle précédent, chef de file de l’école symboliste, Alexandre Blok partage avec l’auteur les mêmes et précieuses origines : Saint- Pétersbourg. Jean Blot n’a-t-il pas ainsi hérité de son père, joaillier du Tsar, le titre de « citoyen d’honneur » de cette ville ? Dans la lumière d’une nuit enneigée, on suit le narrateur dans les rues de cette ville improbable, de cette « capitale de l’absence », jusqu’à la maison bourgeoise de trois étages de sa famille… Mais au coin de la rue, se dresse celle de l’autre, du grand poète disparu.
Singulière rencontre qui entraîne Jean Blot sur les traces de Blok, de sa naissance dans une famille de l’intelligentsia, cette classe qui « s’offrira en victime expiatoire au bourreau justicier des révolutions », à ses vers symbolistes qu’il écrit très jeune, à ses amours malheureux et à sa vie de débauche, jusqu’à sa célébration dans Les Douze de la révolution d’Octobre et à son patriotisme exalté.
Et c’est sur ces mots que Jean Blot quitte Blok comme Saint-Pétersbourg : « Bonne nuit. Dors bien. Adieu. Il est temps, grand temps que je retourne à ma langue, à mon pays, à ma vie ».
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